La France enrichit ainsi son patrimoine touristique de deux nouveaux joyaux. Colmars-les-Alpes et Hierges ont récemment reçu le prestigieux label « Plus beaux villages de France » lors de la session de septembre 2025. Cette distinction récompense des années d’efforts consacrées à la préservation et à la valorisation de deux sites d’exception aux histoires captivantes.
Un label exigeant et prestigieux
La commission Qualité et labélisation des Plus Beaux Villages de France, réunie à Brouage, en Charente-Maritime, le 27 septembre 2025, a prononcé le classement de ces deux communes. Le réseau national compte désormais 184 villages, répartis dans 14 régions et 72 départements. Cette distinction impose des critères stricts : une population inférieure à 2 000 habitants et au moins deux monuments classés. Le label représente bien plus qu’une simple reconnaissance : il garantit aux visiteurs des destinations authentiques où le patrimoine architectural et naturel se mêle à une vie locale authentique.
Colmars-les-Alpes, sentinelle du Haut Verdon
Niché au cœur du parc national du Mercantour, dans les Alpes-de-Haute-Provence, Colmars-les-Alpes est une cité médiévale fortifiée d’exception. Le village tire sa force de son histoire militaire et de sa position stratégique dans le Haut-Verdon. Ses ruelles pavées bordées de maisons hautes ornées de cadrans solaires témoignent d’une double influence alpine et provençale qui confère au lieu un charme unique.
Les fortifications médiévales
L’histoire des fortifications de Colmars-les-Alpes commence au XIVe siècle. Après l’assassinat de la reine Jeanne en 1382, le comté de Provence sombre dans la guerre civile. La communauté voisine d’Allos fait sécession pour rejoindre le duché de Savoie. Colmars devient alors une ville-frontière et se dote de remparts pour assurer sa défense. De cette époque subsistent de grandes tours carrées percées de meurtrières pour arbalètes, vestiges impressionnants d’une architecture militaire médiévale.
Au XVIe siècle, François Ier ordonne le renforcement des défenses, car le village se trouve sur le passage des armées circulant entre la France et l’Italie. La ville est presque entièrement reconstruite après une attaque en 1591, puis s’agrandit vers le sud grâce à de nouveaux remparts.
L’œuvre de Vauban
La fin du XVIIe siècle marque un tournant décisif pour Colmars-les-Alpes. En 1692, le duché de Savoie rejoint la Ligue d’Augsbourg contre Louis XIV. Le roi charge alors Vauban, son commissaire général des fortifications, de renforcer le système défensif de cette place forte frontalière. Vauban délègue les ingénieurs Niquet et Richerand sur place. Niquet restaure l’enceinte médiévale et y ajoute cinq tours bastionnées. Richerand fait édifier deux forts détachés, l’un en amont et l’autre en aval du village, le long du Verdon : le fort du Calvaire au sud, en 1693, et le fort Saint-Martin au nord, en 1695.
En octobre 1700, Vauban inspecte personnellement Colmars-les-Alpes et critique sévèrement les constructions, qu’il juge inadaptées. Il reproche notamment aux murs d’être trop bas et trop fins, et à la tour ronde d’être trop étroite pour permettre des tirs de canon. Il élabore alors de nouveaux plans plus ambitieux pour la défense de la ville, qu’il ne pourra toutefois jamais réaliser.
Patrimoine et vie locale
Aujourd’hui, Colmars-les-Alpes a conservé son système défensif pratiquement intact. Les deux fortifications, le chemin de ronde et les maisons en pierre forment un ensemble architectural remarquable. Le fort de Savoie, situé au nord du village, est un superbe exemple d’ouvrage militaire du XVII^e siècle. La Commission Qualité a particulièrement apprécié la politique de mise en valeur du patrimoine et la dynamique économique de ce village vivant. Les commerces de proximité et les services à la population sont toujours actifs, préservant ainsi l’authenticité des lieux.
Suivez toute l’actualité d’iterio sur Flipboard ou recevoir directement dans votre boîte mail avec Feeder.
Ces articles peuvent également vous intéresser
Hierges, la première perle des Ardennes
Il offre au département des Ardennes son tout premier village labellisé parmi les plus beaux villages de France. Situé à proximité de la frontière belge, entre Charleville-Mézières et Namur, ce village de 139 habitants domine majestueusement la vallée de la Meuse.
Un château médiéval fascinant
Le château de Hierges, dont le nom d’origine était le château de Jérusalem, est le monument emblématique du village. Ses origines remontent au IXe siècle, lorsque s’élevait déjà un castrum fortifié sur cet éperon rocheux. Au Xe siècle, la seigneurie de Hierges faisait partie des biens de la maison d’Ardenne. Le château contrôlait alors la voie commerciale reliant Saint-Quentin à Cologne ainsi que la vallée de la Meuse.
Au XIIe siècle, le château connaît une période glorieuse liée aux croisades. Guillaume de Hierges se distingue par ses exploits de croisé et participe aux premières croisades. La forteresse joue alors un rôle déterminant dans la transmission des savoirs byzantins lors des retours de Terre sainte. À cette époque, elle est rattachée à la principauté de Liège, puis est détruite.
Renaissance et transformations
Le château subit de nombreuses transformations au XVe siècle. Les tours et les remparts sont renforcés afin de moderniser l’ancienne forteresse tout en préservant ses capacités défensives. À partir de 1560, le château est reconstruit dans le style Renaissance, avec des éléments de confort et des ouvertures pour armes à feu. Cette reconstruction fait du château de Hierges un exemple remarquable d’architecture Renaissance mosane, un subtil compromis entre contraintes militaires et fastes d’une demeure princière.
Il devient la résidence de grands seigneurs et de personnages illustres. Il se retrouve alors au cœur des luttes de pouvoir entre François Ier et Charles Quint. Au XVIIIe siècle, le commun et le colombier sont construits. Les ruines du château, l’ancien commun et le colombier sont aujourd’hui classés monuments historiques.
Le village et son caractère médiéval
Ses rues pavées bordées de maisons en pierre bleue de Givet et aux toits d’ardoise ont conservé leur caractère médiéval. Il s’inscrit dans un écrin naturel, entre la forêt des Ardennes et les paysages ouverts sur la vallée de la Meuse. La vue sur la vallée depuis les remparts ajoute considérablement au charme des lieux.
L’église du XVIe siècle constitue le second monument classé du village. Ces deux sites remarquables ont permis à Hierges d’obtenir le label. La commune avait déjà tenté d’obtenir ce label en 2004 et en 2010, sans succès, avant de finalement le décrocher en 2025. La Commission a salué le travail de mise en valeur du village et l’aménagement des espaces publics.
L’impact économique du label
Le label « Plus beaux villages de France » représente un investissement pour les communes. Hierges, par exemple, débourse 1 200 euros par an pour conserver cette distinction. Cette somme modeste se justifie par les retombées touristiques attendues. Les trois restaurateurs du village espèrent que leur activité se renforcera grâce à l’afflux de visiteurs. L’un d’eux confie que l’hiver est une période difficile pour la restauration locale et espère que le label lui permettra d’attirer davantage de monde.
À Colmars-les-Alpes, la situation est différente, car le village bénéficie déjà d’une fréquentation touristique grâce au parc national du Mercantour et aux activités de pleine nature. Le label vient renforcer l’attractivité d’un lieu déjà dynamique, où le commerce et le patrimoine se conjuguent harmonieusement.
Informations pratiques
Colmars-les-Alpes se situe dans les Alpes-de-Haute-Provence, au cœur du parc national du Mercantour, dans la région du Haut-Verdon. Le village offre de nombreuses possibilités d’activités de pleine nature grâce à son environnement montagnard. Les deux forts, le fort de Savoie et le fort de France, se visitent et permettent de découvrir l’histoire militaire du lieu. Le parcours patrimonial dans les ruelles pavées révèle les cadrans solaires qui ornent les façades des maisons hautes.
Hierges se trouve dans les Ardennes, à quelques kilomètres de la frontière belge, entre Charleville-Mézières et Namur. Le village surplombe la vallée de la Meuse et offre des points de vue remarquables depuis ses remparts. Le château de Hierges n’est malheureusement pas ouvert au public, mais il est possible d’admirer ses ruines depuis l’extérieur. L’église du XVI^e siècle, le second monument classé du village, est ouverte à la visite. Les trois restaurants du village accueillent les visiteurs pour leur faire découvrir la gastronomie locale.
