Si vous rêvez d’un séjour en Italie du Nord sans les foules, les files d’attente et le stress des sites touristiques surpeuplés, Trévise mérite votre attention.
Cette ville tranquille, située à une trentaine de minutes de Venise, incarne aujourd’hui l’alternative à Venise avec élégance, sobriété et un engagement sincère en faveur de l’environnement. J’y ai passé plusieurs jours, marchant le long de ses canaux, goûtant ses spécialités locales, observant la vie quotidienne de ses habitants, et je peux vous dire ceci : Trévise ne cherche pas à imiter. Elle existe par elle-même, fière, discrète et profondément vivante.
Une ville où l’eau raconte tout
Les ruelles de Trévise se laissent découvrir lentement. L’eau y coule partout, non pas comme un décor, mais comme un personnage central. Les canaux traversent le centre historique, bordés de balcons fleuris et d’arbres penchés vers la surface. On entend le clapotis léger des vagues contre les pierres anciennes. L’air frais, chargé d’humidité douce et de parfums de cuisine, caresse la peau. Ici, l’eau n’est pas seulement belle, elle est utile, respectée et entretenue.
La municipalité a en effet investi massivement dans la rénovation de son réseau hydraulique. Autrefois, une grande partie des eaux usées se déversait directement dans les cours d’eau. Aujourd’hui, près des deux tiers de la population sont raccordés à un système moderne. L’objectif ? Atteindre 80 % d’ici quelques années. Un moulin à eau autrefois abandonné a même été remis en service pour alimenter le marché aux poissons du centre-ville en électricité. Un geste symbolique certes, mais fort.

Le goût de Trévise
Vous ne quitterez pas la ville sans avoir goûté son beurre des Alpes, le Primiero Botìro, fabriqué à la main pendant les mois d’été. Il fond sur les pâtes fraîches, accompagné d’anchois et d’œufs de morue râpés : un plat simple, presque rustique, mais d’une intensité rare. Accompagnez-le d’un verre de vin blanc local et vous comprendrez pourquoi les habitants sont si fiers de leur table.
C’est ici que le tiramisù, ce dessert au café et au mascarpone, est né. Oubliez les versions industrielles ou trop sucrées. À Trévise, il est généreux, crémeux et légèrement amer. Certains guides culinaires proposent même des circuits dédiés, qui se terminent invariablement par une part de ce classique. Certains racontent qu’il aurait été inventé dans une maison close du XIXe siècle, afin de redonner de l’énergie… Disons que la légende ajoute du piquant à chaque bouchée.
Et puis, il y a le radicchio. Ce chicon rouge, légèrement amer, est cultivé dans les champs qui entourent la ville. Vous pouvez suivre la Route du Radicchio, visiter les fermes et goûter les différentes recettes : en salade, en risotto, en tarte, voire en confiture pour accompagner les fromages. Un festival annuel lui est consacré, et même un gâteau traditionnel, la fregolotta, en contient parfois. L’année dernière, un chef audacieux a même tenté un tiramisu au radicchio. Surprenant ! Mais réussi.
Une ville verte, pas par hasard
Trévise a reçu le prix européen Green Leaf, une distinction réservée aux villes de taille modeste engagées dans la transition écologique. Cette récompense est le fruit d’actions concrètes : six mille arbres ont été plantés, les pistes cyclables ont été étendues, des programmes scolaires sur le tri ont été mis en place et des bouteilles en aluminium ont été distribuées aux enfants pour remplacer le plastique.
L’application Free Aqua permet de localiser les fontaines publiques pour remplir sa gourde. L’eau est bonne, fraîche et gratuite. Les fontaines historiques, comme celle des Trois Visages ou celle des Têtes, sont à la fois des points de ravitaillement et des curiosités. Grâce à ces arbres plantés dans la vallée du Pô, zone naturellement polluée, la ville respire mieux, dit-on.
Un projet de 25 millions d’euros permettra de convertir l’ensemble de l’éclairage public en LED d’ici moins d’un an. L’économie d’énergie attendue est de plus de 70 %. Cela change la lumière de la ville le soir : elle est plus douce, moins agressive et plus humaine.
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Au-delà des murs, les collines de Prosecco
Quittez Trévise pour explorer les collines classées au patrimoine mondial de l’UNESCO. Là, les vignobles de Prosecco s’étendent à perte de vue. Mais le changement climatique frappe fort : pertes de récoltes, sécheresses, grêles imprévisibles. Certains producteurs ont perdu la moitié de leur production cette année.
Face à cette situation, ils innovent. Ils misent sur le paillage végétal pour nourrir la terre, installent des panneaux solaires sur les toits des caves et utilisent la climatisation géothermique pour stocker le vin sans énergie fossile. Ces initiatives ne sont pas de simples gadgets marketing. Elles répondent à une nécessité vitale. Elles montrent également que l’esprit vert de Trévise rayonne bien au-delà de ses remparts.
Pourquoi choisir Trévise plutôt que Venise ?
Venise reste magnifique, bien sûr. Mais elle suffoque. Elle accueille en moyenne plus de treize mille visiteurs par jour, malgré les taxes instaurées. Des canaux pollués, des infrastructures sous pression, une atmosphère souvent tendue… Trévise, elle, accueille sans se presser. On y flâne. On peut y manger sans réserver trois semaines à l’avance. On y respire.
Ce n’est pas une copie miniature. C’est une ville authentique, avec son histoire, ses saveurs et ses rythmes. Elle ne cherche pas à impressionner. Elle invite simplement à vivre.

Informations pratiques pour votre séjour
Comment s’y rendre ?
L’aéroport de Trévise (TSF) accueille de nombreux vols low cost. Sinon, atterrissez à l’aéroport de Venise Marco Polo, puis prenez un train régional (moins de 30 minutes de trajet).
Où dormir ?
Privilégiez le centre historique, près des canaux. Vous y trouverez de petites pensions familiales ainsi que des hôtels de charme, souvent moins chers qu’à Venise.
Quand venir ?
Les mois de septembre et octobre sont idéaux : les températures sont douces, les vendanges sont en cours et de nombreux festivals locaux sont organisés. Évitez juillet-août si vous craignez la chaleur.
Comment se déplacer ?
À pied ou à vélo. La ville est plate et bien aménagée. Louez un vélo pour explorer les berges du Sile ou rejoindre les vignobles.
À ne pas manquer
- Le marché aux poissons du matin.
- Une dégustation de tiramisu chez un artisan pâtissier.
- Une balade le long du canal Buranelli.
- une visite guidée des moulins à eau restaurés.
- Une excursion dans les collines du Prosecco avec dégustation chez un producteur engagé.
 


 
		 
		 
		 
		 
		 
		 
		