L’essentiel
Une communauté de chefs étoilés, dont Arnaud Donckele et Maxime Frédéric, pilote les restaurants Louis Vuitton à Saint-Tropez, New York, Milan et Chengdu.
Stratégie globale : pop-up éphémères, échanges de recettes entre pays et collaborations transcontinentales (ex. : Gaggan Anand et Yosuke Suga).
Reconnaissance institutionnelle avec l’obtention d’une étoile Michelin pour le restaurant de Saint-Tropez en 2023.
Depuis quelques années, Louis Vuitton ne se contente plus de marquer l’univers de la mode. La Maison française s’invite désormais à table, avec une ambition gastronomique portée par une communauté de chefs étoilés. Arnaud Donckele et Maxime Frédéric, figures centrales de ce projet, tissent un réseau mondial où créativité et traditions se mêlent, redéfinissant les frontières du luxe culinaire.

Tout commence en 2023, lorsque Louis Vuitton confie son restaurant estival de l’hôtel White 1921 à Saint-Tropez à ces deux chefs. Quelle est leur approche ? Une cuisine méditerranéenne épurée, ancrée dans le terroir local, mais ouverte aux influences internationales. Le riz de Camargue, les poissons de pêche artisanale ou les légumes provençaux deviennent la base de plats voyageurs, comme le homard bleu grillé à la shiso ou le tartare de crevettes. « Saint-Tropez est le berceau de cette communauté », souligne Arnaud Donckele, triple étoilé Michelin pour son restaurant Plénitude à Paris.
L’idée est simple : allier excellence et accessibilité. « C’est une gastronomie avec un service ultra-amical, de la musique, une vraie ambiance », explique Donckele. Les assiettes jouent la carte de la légèreté – croque-monsieur toasté au monogramme LV, soufflé de saint-jacques au caviar – tout en intégrant des techniques sophistiquées. Un équilibre que Maxime Frédéric, nommé meilleur pâtissier par le Gault & Millau en 2022, transpose dans ses desserts : tarte tropézienne réinventée, vacherin à la rhubarbe ou meringue noisette.
La communauté s’étend rapidement. À New York, le Café Louis Vuitton, dirigé par Christophe Bellanca et Mary George, propose une « restauration de luxe décontractée » avec des plats signature comme le Croque « Louis Paris » truffé. À Milan, les frères Cerea du Da Vittorio mêlent cuisine italienne et touches françaises. En Chine, Leonardo Zambrino explore les saveurs locales au Hall by Louis Vuitton à Chengdu. Chaque chef apporte sa spécialité, créant un menu mosaïque où se côtoient bouillon aromatique normand et épices marocaines.

Le fil rouge ? Le voyage, qui est l’ADN historique de la marque. Les produits voyagent, à l’image du chocolat de Frédéric, vendu à Paris, New York ou Shanghai. Les idées aussi : Gaggan Anand (Bangkok) collabore avec Yosuke Suga (Osaka), tandis que des pop-up éphémères relient Hong Kong à Saint-Tropez. « Nos clients découvrent des signatures culinaires venues du monde entier, unies par les mêmes valeurs », résume Donckele.
Malgré le succès, certains défis persistent. L’équilibre entre l’identité visuelle (les monogrammes et les motifs Damier) et la subtilité gastronomique reste délicat. « Au début, on nous disait : “Ne faites pas manger le logo !” », confie Frédéric. Aujourd’hui, les motifs s’intègrent avec discrétion – chocolat Vivienne, œuf de Pâques inspiré d’un sac Nicolas Ghesquière – prouvant que luxe et authenticité peuvent coexister.

Avec l’ouverture prochaine de nouveaux espaces à Singapour et à Bangkok, Louis Vuitton affirme sa place dans le paysage gastronomique. Une stratégie qui dépasse le simple marketing : en 2023, le restaurant de Saint-Tropez décroche une étoile Michelin, confirmant le sérieux de l’approche. Reste à savoir si cette communauté saura résister aux tendances éphémères et ancrer durablement son héritage.