Lors de mon dernier séjour au Japon, j’ai découvert une tradition fascinante qui a transformé mon expérience de voyage : les tampons Eki. Ces tampons encreurs spéciaux, présents dans presque toutes les gares japonaises, constituent une façon originale de documenter son parcours à travers le Japon. Pour les passionnés de ce pays fascinant, collectionner ces tampons devient rapidement une quête passionnante qui vous emmène hors des sentiers battus.
L’origine des tampons Eki
Les premiers tampons Eki sont apparus en 1931 dans la région de Fukui, près du littoral de la mer du Japon. C’est le directeur de la gare locale, Kanichi Tominaga, qui a eu cette idée brillante à la suite d’une simple conversation avec son équipe. Le premier tampon représentait le temple d’Eiheiji, un important lieu de culte Sōtō Zen. Rapidement, ce petit souvenir est devenu une attraction locale.
La popularité des tampons Eki a connu un véritable essor dans les années 1970, lors de l’Exposition universelle d’Osaka. À cette époque, la compagnie ferroviaire nationale japonaise encourageait les familles à explorer le pays en train et à collectionner les nouveaux tampons « Découverte du Japon » disponibles dans les grandes gares. Plus tard, face à des difficultés financières, l’entreprise a lancé une nouvelle campagne nommée « Mon voyage », toujours axée sur ces tampons, pour promouvoir le tourisme régional.
Cependant, la tradition de la collection de sceaux ou tampons au Japon remonte à plus de 800 ans. Les pèlerins bouddhistes rassemblaient autrefois des « nokyoin » en échange de copies de sutras offertes aux temples. Dans les années 1930, les « goshuin », des sceaux de calligraphie faits à la main, étaient collectionnés dans un livret spécial appelé « goshuincho » pour marquer un pèlerinage accompli.

Comment collectionner les tampons Eki ?
La beauté de cette activité réside dans sa simplicité. Pour commencer votre collection, vous aurez besoin d’un carnet ou de feuilles de papier. Le Japon propose une large gamme de papeterie de qualité, mais certaines gares fournissent également du papier gratuitement ou proposent des carnets spécialement conçus pour les tampons.
Durant mon voyage, j’ai opté pour un petit carnet washi, un papier traditionnel japonais, qui s’est avéré parfait pour recevoir l’encre des tampons. Pour utiliser un tampon Eki, il suffit de l’appliquer sur votre carnet. Certains sont automatiques, d’autres sont des tampons en bois traditionnels avec des coussins encreurs. Je vous recommande de faire un test préalable pour vérifier le niveau d’encre, car certains tampons usés ne donnent qu’une impression floue.
N’oubliez pas de noter la date et le lieu à côté de chaque tampon afin de constituer un véritable journal de voyage. J’ai pris l’habitude d’ajouter quelques commentaires personnels sur ce que j’avais découvert dans chaque localité.
Où trouver les tampons Eki ?
Les tampons Eki se trouvent généralement à proximité du guichet principal de la gare ou près du « Midori-no-Madoguchi », la borne pour imprimer des billets. Dans certains cas, vous pourriez aussi les trouver à l’intérieur des barrières ou derrière le comptoir d’information.
Rien qu’à Tokyo, le réseau ferré japonais de l’Est compte soixante-dix-huit tampons de gare différents. On trouve également des tampons dans les gares des lignes privées et dans le métro de Tokyo. Dans les grandes gares comme Shinjuku, Shibuya, Ikebukuro ou Tokyo, je vous conseille de vous renseigner sur l’emplacement exact avant votre visite pour gagner du temps.
Si vous ne trouvez pas le tampon, n’hésitez pas à demander au personnel en utilisant cette phrase simple : « Eki sutampu wa arimasuka? », ce qui signifie « Où se trouve la station de tampon ? ». Les Japonais apprécient généralement l’intérêt des étrangers pour leurs traditions et vous aideront avec plaisir.
Outre les gares, vous trouverez également des tampons similaires dans presque tous les lieux touristiques : musées, aquariums, offices du tourisme, jardins, etc. J’ai même découvert des tampons dans certains temples et sanctuaires lors de mon périple.
Les tampons Eki les plus recherchés
Chaque tampon Eki est unique et reflète l’identité du lieu où il se trouve. Les designs associent souvent des éléments emblématiques de la région à des personnages japonais et à des spécialités locales (meibutsu).
Parmi les tampons les plus célèbres, celui de la gare Ryōgoku à Tokyo représente un lutteur de sumo, rappelant le lien ancestral entre ce quartier et le sport national japonais. À Shinjuku, la gare la plus fréquentée au monde avec trois millions d’usagers quotidiens, le tampon combine les gratte-ciels de la sortie ouest avec l’image d’un « Naito togarashi », un piment traditionnel d’Edo Tokyo.
D’autres tampons remarquables incluent celui de Gion-Shijo à Kyoto avec sa geisha, celui de Miyajimaguchi à Hiroshima qui représente la porte torii flottante du sanctuaire d’Itsukushima, ou encore celui de la gare d’Hiroshima montrant le dôme de Genbaku et le cénotaphe du parc du Mémorial de la Paix.
La gare de Nobeyama, située sur la ligne Koumi à Nagano, propose un tampon particulier puisqu’elle est la station la plus élevée du réseau national japonais, culminant à 1 345 mètres d’altitude.

Les rallyes de tampons au Japon
Au-delà de la collection personnelle, les compagnies ferroviaires japonaises organisent régulièrement des « rallyes de tampons » à durée limitée. Ces événements spéciaux permettent aux participants de collectionner des tampons exclusifs sur des cartes ou dans des livrets dédiés.
J’ai eu la chance de participer à l’un de ces rallyes célébrant le soixantième anniversaire du Tokaido Shinkansen. Cette expérience exaltante m’a incité à découvrir des lieux que je n’aurais probablement jamais explorés autrement. Ces rallyes offrent souvent des récompenses aux collectionneurs qui ont complété l’ensemble des tampons requis.
L’un des événements les plus populaires est le rallye annuel organisé par la compagnie ferroviaire de l’Est, qui met à l’honneur les personnages de Pokémon. Ces rallyes attirent autant les voyageurs japonais que les touristes étrangers, créant une atmosphère conviviale et festive.
Une aventure personnalisée avec les tampons Eki
Ce qui fait le charme des Tampons Eki, c’est qu’ils permettent à chacun de créer sa propre aventure. Contrairement à d’autres souvenirs onéreux, ils sont gratuits et accessibles à tous. J’ai rencontré plusieurs voyageurs masculins qui, comme moi, avaient transformé leur séjour au Japon en véritable chasse au trésor grâce à ces tampons.
Certains voyageurs utilisent leur carnet de tampons comme un journal de voyage complet, y ajoutant des photos, des tickets de train ou des notes personnelles à côté de chaque tampon. D’autres planifient spécifiquement leurs itinéraires pour visiter des gares connues pour leurs tampons uniques ou artistiques.
Les avancées technologiques n’ont pas épargné cette tradition. La compagnie ferroviaire de l’Est supervise désormais la numérisation des stations avec l’application EKITAG (disponible uniquement en japonais pour le moment). Cette application permet aux utilisateurs de collectionner des tampons numériques en approchant leur smartphone des bornes NFC EKITAG. Plus de 1 235 stations sont équipées de ce système à travers le Japon.
Pour les voyageurs en quête d’authenticité, les tampons Eki représentent une façon idéale de conserver un souvenir tangible de leurs expériences au Japon. Ils témoignent non seulement des lieux visités, mais racontent aussi l’histoire d’un voyage personnel, à l’opposé des souvenirs standardisés que l’on trouve dans les boutiques touristiques.
Si vous prévoyez un voyage au Japon, je vous encourage vivement à commencer votre propre collection de tampons Eki. Cette activité simple vous incitera à explorer davantage le pays, à vous aventurer dans des lieux moins touristiques et à créer des souvenirs durables de votre périple.